dimanche 30 juin 2013

BQ de la semaine du 24 juin 2013

Lundi  24 juin 2013. Discussion avec des spécialistes des rapports Euro-arabes, autour de la Méditerranée.
On présente toujours l'Union comme plus petite que la somme de ses Etats Membres. Ces derniers - divisés presque sur tout - ne lui laisseraient que très peu de marge d'action. Les derniers dispositifs imaginés comme l'Union pour la Méditerranée/Processus de Barcelone n'auraient, en fait, jamais vraiment fonctionné. Bref, l'Union serait un roi tout nu face au Sud de la Méditerranée. Elle aurait aussi l'amertume de voir que le printemps arabe qui semblait porter un espoir d'européanisation (pluralisme, économie de marché) débouche, en fait, au mieux sur un nouveau conservatisme islamiste, voire sur l'anarchie, la répression des minorités (chrétiennes et autres). Impuissance. Incompréhension. Deux sentiments partagés sur les deux rives.
Plusieurs faits viendraient cependant démentir cette image par trop désespérante. Pour la première fois, l'Union européenne passe devant les Etats membres qui lui ont laissé une réelle capacité d'agir lors de Task Forces du Conseil travaillant directement avec les équipes dirigeantes des nouveaux régimes. Ces Task Forces portent les ambitions de la nouvelle stratégie de l'Union pour le Sud de la Méditerranée, entièrement repensée à la lumière du printemps arabe. Elles travaillent avec les moyens dont disposent la Commission et le service d'Action Extérieur, mais également avec ceux de la BEI. Elles tentent de mutualiser l'action des Etats. Avec les nouvelles équipes au pouvoir, on parle donc de choses concrètes d’une seule voix et avec des moyens financiers qui ne sont pas dérisoires. Est-ce suffisant pour enclencher une dynamique de rapprochement ?
Une remarque avec les Méditerranéens présents : la crise de l'Union et le printemps arabe ont rapproché, paradoxalement, les deux rives. Une inquiétude économique existentielle - qui taraude depuis longtemps le Sud - s'est emparée de la rive Nord. On y lit, des deux côtés, un triple besoin : besoin de réformes, besoin d'autonomie, besoin de respect pour une culture qui n'est pas soluble dans la "mondialisation" libérale et l'idéologie de la "société ouverte". De part et d'autre, on évoque le refus des Diktats de l'extérieur, la volonté de défendre tant bien que mal la souveraineté nationale, le désir de coopérer avec d'autres, mais sur un pied d'égalité. De part et d'autre, on critique les élites en place, leur clientélisme, leur prédation, leur manque de fierté. "Même à Athènes, même à droite, il y a une sorte de nassérisme dans l'air", conclut un essayiste.
La dynamique de contestation n'est pas épuisée. Les pouvoirs en place ne peuvent pas encore dormir tranquilles.

Mardi 25 juin 2013. L’IERI
Participation à la session de clôture de l'Institut Européen des Relations Internationales, en présence de l'ambassadeur Pierre Vimont qui évoque la construction d'une diplomatie européenne originale et polyphonique : les Membres dans leur originalité, une vraie coordination européenne et une vocation diplomatique européenne du service d'action extérieure qui mutualise les moyens, l'information, la légitimité politique.


Mercredi 26 juin 2013. Klaus Welle
Remarquable discours du Secrétaire général du Parlement européen, Klaus Welle, devant le Centre for European Policy Studies sur la manière de démocratiser le système européen sans changer les Traités. Une voie médiane, éloignée du tout ou rien fédéraliste et du dénigrement systématique de l'Union européenne devenu à la mode en France.

Jeudi 27 juin 2013. Les maux de l’Université
Discussion autour d'un verre avec des étudiants géographes et économistes, doctorants ou post-doctorants. Tous sont découragés, révoltés même, par le nouveau népotisme qui semble régner dans les facultés, jusque pour l'obtention de quelques heures de TD. Ce sont de constants échanges de bons procédés sur fond de crise financière et de précarité qui laissent voir l'os des institutions : je te passe quelques heures par ici, tu me donnes quelques heures par là, tu prends mes copains, je prends les tiens, on dégage les autres... Sans parler des recrutements consanguins, des postes pré-attribués, du localisme, de la dévalorisation des tests de niveau nationaux : CAPES, AGREG
Au-delà de l'exaspération de jeunes gens brillants, mais qui ne se voient plus d'avenir dans une carrière universitaire classique, l'histoire me semble bien révéler les maux d'un système universitaire mal réformé :
- la bureaucratisation - qu'on l'appelle néolibérale, ou pas - qui confie un pouvoir, abrupt, sans partage ni concertation, à de petits chefs localisés ;
- le culte des statuts, des formes et des habitudes masquant...
- la réalité du clientélisme,
- le mépris de la qualité, des contenus, des évaluations par les étudiants
- l'obsession, désormais généralisée, des publications classées  et l'importance d'avoir des amis bien placés dans les comités de lecture...
Rien de nouveau, mais les maux de ce système restent inquiétants.

Vendredi 28 juin 2013. Innovation technologique
Présentation par un cabinet de conseil de son étude sur les technologies susceptibles de changer la donne économique dans la prochaine décennie. L'innovation technologique représente 50% des gains de productivité, près de 25% de la croissance. A noter : les effets de déplacement de valeur sont aussi importants que le dégagement d'un nouveau surplus. Ce qui signifie que la création de valeur sera accompagnée par une importante destruction de valeur. Les révolutions technologiques de l'économie numérique en ont apporté la preuve, avec le glissement de la valeur des producteurs de contenu vers les distributeurs et les ingénieurs de l'industrie informatique. Que promet l'automatisation de la production de savoir ?

Le BQ reprend en septembre. Bon été.