samedi 8 juin 2013

BQ de la semaine du 3 juin

Mardi 4 Juin. Du marketing au marché politique
Le ministre des affaires étrangères de l'Espagne vante au Parlement européen tous les mérites de la "marque Espagne". Il décrit les atouts et les faiblesses de l'Espagne au plan global, comme si elle était une sorte de compagnie enregistrée en bourse et pour laquelle il faisait un round show. Il met en valeur les grandes entreprises espagnoles, leurs technologies, leurs parts de marché. Le discours est revigorant, le public conquis.
Pourtant l'Espagne n'est plus un marché à part. Elle n'est plus une économie nationale conduite par une poignée de dirigeants. Elle n'est pas une entreprise.
Subrepticement, la communication politique substitue en fait un objectif à un autre : on glisse de l'Europe à la nation, de la priorité de construire un Marché unique fluide et vigoureux au rêve d'être bien classé au grand radio-crochet de l'économie globale. De là, on peut passer facilement de la défense de la libre concurrence à l'apologie des aides d'Etat. Et on devine comment le patriotisme économique peut, demain, servir à justifier la renationalisation de la réglementation économique.
Après tout qu'y a-t-il d'autre derrière le projet britannique que de renégocier les traités qui lient ce pays à l'Union ?

Mercredi 5 juin. Révolution conservatrice
Une rencontre avec des amis slovaques permet de mieux identifier les fondements de ce que l'on pourrait appeler la révolution conservatrice dans une partie de l'Europe:
- primat de l'économie familiale, de la proximité, du local, du "bon sens", des arrangements interpersonnels par rapport à l'intégration, au grand Marché, à la construction européenne : mélange de libéralisme et d'organicisme
- affirmation des valeurs familiales traditionnelles : mariage, famille, épargne, frugalité, travail et affirmation des valeurs chrétiennes
- fierté nationale d'une identité considérée comme inséparable des valeurs traditionnelle et de la petite entreprise
Une sorte de rêve alpin du Jura suisse aux Tatras ?

Jeudi 6 juin. Principe de subsidiarité
Plusieurs contacts récents avec des responsables catholiques. Constat à l'emporte-pièce : il n'existe pas (ou presque plus) de continuité nature entre le projet d'intégration européenne et le projet social de l'Eglise.
L'Union n'est plus vue comme le moyen de faire advenir une économie sociale de marché qui serait, en elle-même, considérée comme particulièrement souhaitable. L'accent est plutôt mis sur le respect de chacun, le respect de chaque peuple, de ses traditions et de ses valeurs. Le principe de subsidiarité est au centre de cette approche. Un principe qui vient d'ailleurs de l'Eglise. Il s'y accompagne d'un principe de responsabilité, d'une sorte de "devoir d'Etat" qui impose à chacun de faire de son mieux pour servir, là où il est, la cause commune.
Les progrès d'organisation de l'Union européenne, notamment au plan extérieur, sont salués mais le scepticisme demeure à l'égard d'une évolution plus fédérale. Plus de discipline collective peut créer l'impression d'un diktat ou d'une mise sous tutelle de certains peuples par d'autres ; un droit civil harmonisé peut véhiculer demain des principes contraires à ceux de l'Eglise ; une mauvaise appréciation des relations entre les Eglises et les Etats peut conduire à sous-estimer l'influence utile de certaines en temps de crise, notamment dans le monde orthodoxe.
Prudence donc avec l'Europe, chuchote-t-on,  en sacristie.

Vendredi 7 juin. Europhobie
FD et René Leray s'entretiennent de la montée d'un euroscepticisme plus radical, délibérément destructeur, qui vise à généraliser partout en Europe, le débat entamé en Grande-Bretagne sur la sortie de l'Union européenne. FD en propose une première lecture à partir du rappel du Memorandum d'Alexis Léger (1930) (voir texte ci-dessous)