Lundi 24 juin 2013. Discussion avec des spécialistes des rapports
Euro-arabes, autour de la Méditerranée.
On présente toujours
l'Union comme plus petite que la somme de ses Etats Membres. Ces derniers -
divisés presque sur tout - ne lui laisseraient que très peu de marge d'action.
Les derniers dispositifs imaginés comme l'Union pour la Méditerranée/Processus
de Barcelone n'auraient, en fait, jamais vraiment fonctionné. Bref, l'Union
serait un roi tout nu face au Sud de la Méditerranée. Elle aurait aussi
l'amertume de voir que le printemps arabe qui semblait porter un espoir
d'européanisation (pluralisme, économie de marché) débouche, en fait, au mieux
sur un nouveau conservatisme islamiste, voire sur l'anarchie, la répression des
minorités (chrétiennes et autres). Impuissance. Incompréhension. Deux
sentiments partagés sur les deux rives.
Plusieurs faits
viendraient cependant démentir cette image par trop désespérante. Pour la
première fois, l'Union européenne passe devant les Etats membres qui lui ont
laissé une réelle capacité d'agir lors de Task Forces du Conseil travaillant directement avec les
équipes dirigeantes des nouveaux régimes. Ces Task Forces portent les ambitions de la nouvelle stratégie de
l'Union pour le Sud de la Méditerranée, entièrement repensée à la lumière du
printemps arabe. Elles travaillent avec les moyens dont disposent la Commission
et le service d'Action Extérieur, mais également avec ceux de la BEI. Elles
tentent de mutualiser l'action des Etats. Avec les nouvelles équipes au
pouvoir, on parle donc de choses concrètes d’une seule voix et avec des moyens
financiers qui ne sont pas dérisoires. Est-ce suffisant pour enclencher une
dynamique de rapprochement ?
Une remarque avec les
Méditerranéens présents : la crise de l'Union et le printemps arabe ont
rapproché, paradoxalement, les deux rives. Une inquiétude économique
existentielle - qui taraude depuis longtemps le Sud - s'est emparée de la rive
Nord. On y lit, des deux côtés, un triple besoin : besoin de réformes, besoin
d'autonomie, besoin de respect pour une culture qui n'est pas soluble dans la
"mondialisation" libérale et l'idéologie de la "société
ouverte". De part et d'autre, on évoque le refus des Diktats de l'extérieur, la volonté de défendre tant bien
que mal la souveraineté nationale, le désir de coopérer avec d'autres, mais sur
un pied d'égalité. De part et d'autre, on critique les élites en place, leur
clientélisme, leur prédation, leur manque de fierté. "Même à Athènes,
même à droite, il y a une sorte de nassérisme dans l'air", conclut un essayiste.
La dynamique de
contestation n'est pas épuisée. Les pouvoirs en place ne peuvent pas encore
dormir tranquilles.
Mardi 25 juin 2013. L’IERI
Participation à la
session de clôture de l'Institut Européen des Relations Internationales, en
présence de l'ambassadeur Pierre Vimont qui évoque la construction d'une
diplomatie européenne originale et polyphonique : les Membres dans leur
originalité, une vraie coordination européenne et une vocation diplomatique
européenne du service d'action extérieure qui mutualise les moyens,
l'information, la légitimité politique.
Mercredi 26 juin 2013. Klaus Welle
Remarquable discours du
Secrétaire général du Parlement européen, Klaus Welle, devant le Centre for
European Policy Studies sur la
manière de démocratiser le système européen sans changer les Traités. Une voie
médiane, éloignée du tout ou rien fédéraliste et du dénigrement systématique de
l'Union européenne devenu à la mode en France.
Jeudi 27 juin 2013.
Les maux de l’Université
Discussion autour d'un
verre avec des étudiants géographes et économistes, doctorants ou
post-doctorants. Tous sont découragés, révoltés même, par le nouveau népotisme
qui semble régner dans les facultés, jusque pour l'obtention de quelques heures
de TD. Ce sont de constants échanges de bons procédés sur fond de crise
financière et de précarité qui laissent voir l'os des institutions : je te
passe quelques heures par ici, tu me donnes quelques heures par là, tu prends
mes copains, je prends les tiens, on dégage les autres... Sans parler des
recrutements consanguins, des postes pré-attribués, du localisme, de la
dévalorisation des tests de niveau nationaux : CAPES, AGREG
Au-delà de l'exaspération
de jeunes gens brillants, mais qui ne se voient plus d'avenir dans une carrière
universitaire classique, l'histoire me semble bien révéler les maux d'un
système universitaire mal réformé :
- la bureaucratisation -
qu'on l'appelle néolibérale, ou pas - qui confie un pouvoir, abrupt, sans
partage ni concertation, à de petits chefs localisés ;
- le culte des statuts,
des formes et des habitudes masquant...
- la réalité du
clientélisme,
- le mépris de la
qualité, des contenus, des évaluations par les étudiants
- l'obsession, désormais
généralisée, des publications classées
et l'importance d'avoir des amis bien placés dans les comités de
lecture...
Rien de nouveau, mais les
maux de ce système restent inquiétants.
Vendredi 28 juin 2013.
Innovation technologique
Présentation par un
cabinet de conseil de son étude sur les technologies susceptibles de changer la
donne économique dans la prochaine décennie. L'innovation technologique
représente 50% des gains de productivité, près de 25% de la croissance. A noter
: les effets de déplacement de valeur sont aussi importants que le dégagement
d'un nouveau surplus. Ce qui signifie que la création de valeur sera
accompagnée par une importante destruction de valeur. Les révolutions
technologiques de l'économie numérique en ont apporté la preuve, avec le
glissement de la valeur des producteurs de contenu vers les distributeurs et
les ingénieurs de l'industrie informatique. Que promet l'automatisation de la
production de savoir ?
Le BQ reprend en
septembre. Bon été.