lundi 27 mai 2013

BQ de la semaine du 20 mai 2013

Lundi 20 mai. À l'occasion d'une discussion avec d'anciens étudiants aujourd'hui à l'ENA, FD regrette le manque d'intérêt pour l'échelle européenne : il y a là un marché et une communauté de vie qui ont leur cohérence, il y a là un continent humain. Cet espace a des institutions centrales qui évoluent rapidement, a un centre politique animé d’un désir fédéral. L'Allemagne qui réussit dans l'économie globalisée, montre qu'il n'existe aucune fatalité au déclin européen. Dans les formations en France, on sacrifie toujours par une sorte de snobisme cette échelle européenne ; on favorise le global comme l'exotique, les dynamiques émergentes comme les extrémités du monde. On préfère le management global. On rêve de géostratégies globales et on se désintéresse de nos voisins, de nos normes et institutions communes car on pense tout en connaître. Or, tout bouge très vite. Des pays bloqués sont en pleine réforme. Les institutions connaissent une transformation qualitative sans précédent.
Comment peser si nous perdons le fil ? Si nous n'apprenons pas l'allemand, le russe, l'italien, le polonais...

Mardi 21 mai. Intervention dans le cadre de l'atelier Système présidentiel de l'Union européenne, dans le cadre des rendez-vous européens de Strasbourg. FD revient sur l'analogie proposée par son patron, Klaus Welle:" le conseil européen se trouve à la place où dans un système national nous trouverions la présidence". Il explique pourquoi cette analogie simplifie la description du fonctionnement de l'Union.

Mercredi 22 mai. FD rejoint le comité d'orientation de la revue en ligne Etudes européennes, présidé par Catherine Lalumière. Le débat sur l'Europe est déplacé par la crise. Il n'est plus un débat d'experts, ni un débat d'ajustement. La crise de certains Etats européens fait à nouveau émerger légitimement une discussion sur les fondamentaux : l'euro est-il bénéfique ou néfaste ? Peut-on avoir une seule politique commerciale ou culturelle ? Qui décide ? Qui contrôle ? Il faut mobiliser d'autres experts que les commentateurs sportifs de l'Europe communautaire,c’est-à-dire des économistes, des philosophes, des anthropologues, des géographes... Le débat sur l'Europe doit aussi exhumer les discussions internes et montrer quelles sont les marges qui existent pour l'avenir. Tout le monde n'est pas d'accord sur tout.
L'avenir n'est pas fermé. L'unanimisme tue l'Europe. Rien n'est plus insupportable que d'avoir l'impression d'entendre : ne vous en faites pas, on s'en occupe, circulez, il n'y a rien à voir. En termes plus académiques, le Président du Parlement européen avait bien exprimé ces idées dans son discours de Berlin à l'Université Humboldt.

Jeudi 24 avril. À propos d'un reportage diffusé la veille sur Arte, sur les Frères musulmans. Il semble bien que deux inspirations se mélangent : celle de la résistance, qui fait toujours appel aux racines profondes pour mobiliser contre la puissance de l'oppresseur ; celle du "nettoyage" qui rappelle un peu la matrice du discours d'extrême droite en Europe: le peuple à été corrompu, il n'est que l'ombre de ce qu'il était, il faut élimer les agents corrupteurs. Ils auront des visages différents selon les moments, mais rempliront toujours la même fonction. Quelle révolution peut sortir de ces prémices, sinon une révolution « Montagnarde » : violente, sociale, conduite à la base, et potentiellement sans fin? D'où viendra Thermidor ?

Vendredi 25 mai. Déménagement du Département de géographie. Retour à Ulm. Retrouvailles avec les vieux livres. Comme les géographes étaient ambitieux, des Claval, Brunet, Harvey : réinventer les catégories pour décrire le monde, reformuler tout l'acquis des sciences sociales, proposer une théorie géographique de l'économie, du capital, du pouvoir... Rien moins que ça. Qu'est devenu l'intérêt qui s'esquissait de la géographie culturelle pour l'immense corpus de géosophie que le  monde chinois théorise encore et encore, en rappelant la responsabilité de chacun d'aménager son environnement pour y appeler la chance terrestre ? Nous partions alors de bon appétit à l'assaut de ces montagnes de savoir, d'idées, de superstitions, de pratiques... Qu'en est-il advenu?